Page:Tamizey de Larroque - Documents inédits sur Gassendi.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
DOCUMENTS INÉDITS SUR GASSENDI.

luy donner, par laquelle il luy marquoit que celuy qui estoit porteur de la lettre estoit un savantissime en toutes sciences. Monsieur Luillier ayant reçeu sa lettre, alla rendre visite à nostre Pierre, et comme il se plaisoit fort aux romans, luy demandant quels il jugeoit estre les plus beaux, voyant nostre Pierre se mocquer de la vérité des romans, il se mit à dire aussitôt : Hé, ce n’est donc pas vous dont me parle Monsieur du Périer[1], car vous ne sçavez point tous les romans, et il me dit que le porteur de ma lettre est un homme très-savant en tout ? etc.[2].

Epistola ad Puteanum[3].

1629. — Aagé de trente et huict ans.

Fut publié son livre Parrheliis, 8°[4].

Monsieur Luillier a contracté telle amitié avec luy, qu’il le meine en Flandre[5] Hollande et Angleterre[6] où ils voyent tous les Scavans et contracte

    et conseiller au parlement de Metz. » Il ajoute : « Ce bel esprit était amateur des gens de mérite et homme de mérite lui-même. Il était intime ami de Balzac et de Saumaise, et ce dernier lui a dédié ses remarques sur les Amours de Clitophon et de Leucippe. Il était riche et point marié. Pour jouir plus souvent de sa conversation, il voulut absolument le loger chez lui. » Il me semble que les détails dans lesquels entre La Poterie sont si catégoriques, que préférence doit être accordée à sa version.

  1. C’est l’ami de Malherbe, c’est celui dont le nom figure en tête de la plus touchante des pièces du poète : Consolation à Monsieur du Périer, gentilhomme d’Aix-en-Provence, sur la mort de sa fille. Bougerel et les autres biographes n’ont pas su que François du Périer donna à Gassendi une lettre d’introduction auprès de Luillier.
  2. Cette plaisante anecdote, ignorée de tous les biographes, n’étonnera aucun des lecteurs de l’historiette consacrée par Tallemant des Réaux (édition de M. Paulin Paris, tome IV, 1855, p. 191-195) à un des personnages les plus originaux du XVIIe siècle.
  3. La lettre n’est pas adressée, comme on pourrait le croire, à Pierre Du Puy, le savant garde de la Bibliothèque du Roi, l’ami des amis de Gassendi, Luillier et Peiresc, mais bien à Henry Du Puy (Ericius Puteanus), le successeur de Juste Lipse dans la chaire de Louvain. Le tome IV des œuvres complètes de Gassendi publiées à Lyon, chez Laurent Anisson, in-fo, 1658, lequel tome est exclusivement consacré à la correspondance, renferme plusieurs lettres adressées à Henri Du Puy, notamment p. 11 (Celibri viro Erycio Puteano) et p. 16 (Viro incomparabili Erycio Puteano). Voir dans le livre de Bougerel (p. 31-32) l’analyse de la première de ces deux lettres (13 mars 1627) : il y est question des mutuels travaux sur Épicure des deux érudits, et on voit que Peiresc avait été entre eux le premier trait d’union.
  4. Phenomenon rarum Romæ observatum 20 Martii et ejus causarum explicatio, etc. (Amsterdam, in-4o). De nombreuses fautes s’étant glissées dans cet opuscule, imprimé à la hâte, Gassendi, l’année suivante, le retoucha, et en donna une nouvelle édition sous ce titre : Parhelia seu soles IV spurii qui circa verum apparuerunt Romæ die 20 Martii 1629, et de eiusdem epistola ad Henricum Renerium (Paris, Vitré, 1630, in-4o).
  5. Bougerel (p. 38-64) donne beaucoup de détails sur le voyage des deux amis, détails tirés pour la plupart de la correspondance de Gassendi. Luillier et Gassendi, qui étaient à Sedan le 19 janvier 1629, arrivèrent à Paris le 8 août de la même année, après environ neuf mois d’absence.
  6. Angleterre doit être un lapsus. Gassendi visita seulement avec Luillier la