Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/147

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tentative et de ne céder, cette fois, à aucun sentiment de pusillanimité ; je choisis mieux ma cachette, et répétai à plusieurs reprises mon cri d’appel, jusqu’à ce qu’enfin un élan fût attiré ; je le tuai, mais une grande partie du jour s’était écoulée, et je m’aperçus qu’il était temps de regagner nos cabanes avec ma charge.

Au moment où je sortais d’un petit bois, au milieu d’une prairie, je vis un ours s’avancer vers moi ; je crus d’abord que c’était un ours noir de l’espèce commune, et je résolus de le tuer ; mais il pouvait me voir, et je savais qu’il aurait certainement pris la fuite s’il eût appartenu à l’espèce que je présumais. Voyant qu’il venait droit à moi, j’en conclus que c’était un ours gris, et je me mis à courir ; plus je courais, plus il semblait me serrer de près ; malgré ma frayeur, je me souvins des leçons de Pe-shau-ba, de ne jamais tirer un ours gris sans pouvoir aussitôt me réfugier dans un bois, et, si j’en étais poursuivi, de ne faire feu que presque à bout portant. Trois fois je me retournai, et le cou-