Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/253

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offrit au traiteur dix belles peaux de castors ; en échange de ce présent accoutumé, elle recevait tous les ans un habit et des ornemens de chef avec un baril de dix gallons de liqueurs spiritueuses. Quand le traiteur l’envoya chercher pour lui remettre son présent, elle était trop ivre pour se tenir debout ; il fallut bien me présenter à sa place. J’avais un peu bu, et ma tête n’était pas bien à moi : je revêtis l’habit et les ornemens, puis, chargeant le baril sur mes épaules, je l’apportai dans notre cabane, le déposai au fond et le défonçai d’un coup de hache. « Je ne suis pas, dis-je, de ces chefs qui tirent la liqueur du tonneau par une petite ouverture ; que tous ceux qui ont soif viennent boire. » Je pris cependant la précaution d’en cacher une partie dans un petit baril et dans une chaudière, en tout trois gallons à peu près. La vieille femme accourut avec trois chaudières, et en cinq minutes tout fut avalé. C’était la seconde fois que je m’enivrais avec les Indiens. Cet acte d’intempérance fut bien plus fort que le premier. Je visitais fréquemment ma