Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/30

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que celle de J.-J. Rousseau à l’étude des révélations de Tanner. Chaque souvenir reproduit par le naïf autobiographe met à nu un sophisme du grand écrivain. Il n’est presque pas de fait, négligemment rapporté dans ces Mémoires, qui ne devienne une réfutation sans réplique d’un passage du Contrat social ou du Discours sur l’inégalité des conditions. Les félicités de l’état de nature et l’impossibilité d’imposer un joug aux sauvages qui n’ont besoin de rien sont réduites à leur juste valeur par un adversaire d’autant plus dangereux que la démonstration n’est pas en forme, et qu’elle parle d’elle-même à tous les esprits.

Est-il bien nécessaire de dire ici que Raynal, et tant d’autres philosophes à la suite, ne sauraient résister à l’argumentation pressante de ce dialecticien de la nature qui ne les connaît même pas ? Tanner aura rendu un éminent service aux sciences morales, en dégageant leur étude d’une foule de lieux communs sur les sauvages qui vont tout nus, ne vivent que du produit