Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/81

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fallut suivre les chasseurs ; souvent on me chargeait de traîner jusqu’à notre camp un daim tout entier, et je ne pouvais y parvenir qu’avec la plus grande peine.

La nuit, je couchais toujours entre le feu et la porte ; chacun des entrans ou des sortans me donnait d’ordinaire un coup de pied, et toutes les fois que les Indiens allaient boire, on ne manquait pas de jeter sur moi un peu d’eau. Le vieillard me traitait toujours avec beaucoup de cruauté, mais ses mauvais traitemens devenaient quelquefois plus barbares que de coutume. Un jour, il se leva, prit ses mocassins et sortit ; mais, rentrant tout à coup, il me saisit par les cheveux, m’entraîna au dehors et me barbouilla long-temps la figure dans un tas d’excrémens humains, comme on pourrait le faire à un chat (10) ; puis, me relevant de terre par les cheveux, il me lança au loin sur un monceau de neige ; je n’osais plus reparaître. Enfin, ma mère vint m’apporter un peu d’eau pour me laver. Nous allions changer de campement,