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DOXOGRAPHIE D’ANAXIMÈNE


1. Théophr., fr. 2 (Simplic. in physic., 6 a). — Anaximène, fils d’Eurystrate, de Milet, qui fut ami d’Anaximandre, reconnaît, lui aussi, comme son maître, pour substratum une seule nature indéfinie ; mais, au lieu de la laisser indéterminée comme Anaximandre, il la détermine en disant que c’est l’air. Elle diffère, d’après lui, d’une substance à l’autre, par le degré de dilatation ou de condensation ; ainsi, devenant plus subtile, elle forme le feu ; en se condensant, au contraire, elle forme le vent, puis la nuée, à un degré plus loin, l’eau, puis la terre et les pierres ; les autres choses proviennent des précédentes. Il admet aussi le mouvement éternel, comme amenant la transformation.

2. Philosophum., 7. — (1) Anaximène, Milésien lui aussi et fils d’Eurystrate, reconnaît comme principe l’air indéfini ; c’est de là que proviennent, sont provenus ou proviendront et les dieux et les êtres divins et tout le reste par dérivation. — (2) Voici le caractère de cet air : lorsqu’il est au plus parfait degré d’égalité, il est invisible aux yeux, mais se manifeste comme froid, chaud, humide ou en mouvement. Le mouvement est éternel ; sans lui, les transformations qui se produisent n’auraient pas lieu. — (3) Maintenant, en se dilatant et en se condensant, l’air apparaît sous différentes formes ; car, quand il s’étend en se dilatant suffisamment, il forme du feu ; au contraire, les vents sont de l’air condensé. Quand il arrive à se feutrer, il en résulte un nuage ; à un degré plus loin, de l’eau ; encore davantage, de la terre ; enfin, à la condensation maxima, des pierres. Ainsi la genèse est dominée par les contraires, le froid et le chaud. — (4) La terre est plate et portée par l’air ; de même le soleil, la lune et tous les autres astres ignés que leur largeur fait flotter sur l’air. — (5) Les astres proviennent de la terre dont l’humidité s’est vaporisée et, par dilatation, a formé du feu ; celui-ci s’est élevé et a constitué les astres. Mais il y a aussi dans le lieu qu’ils occupent des corps de nature terreuse, entraînés comme eux par le mouvement de révolution. — (6) Il dit que les astres ne se meuvent pas au-dessous de la terre, comme d’autres l’ont supposé, mais autour de la terre, de même qu’un bonnet tourne autour de la tête. Si le soleil disparaît, ce n’est pas qu’il passe sous la terre, mais derrière les