Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/301

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Zeller (II, p. 411) admet que le premier effet du mouvement a été de diviser les substances, selon les oppositions les plus générales, en deux grandes masses, qu’Anaxagore désignait sous les noms d’éther et d’air ; par le premier de ces noms il aurait entendu le chaud, le lumineux et le ténu; par le second, le froid, le sombre et le lourd.

Le fragment 1, qui formait certainement le début de l’ouvrage du Clazoménien, montre nettement qu’au contraire il considérait l’éther et l’air comme étant les apparences sous lesquelles se montrait le chaos originaire, avant toute action du A T oos. En en parlant, Anaxagore corrige ce qu’il a dit au début du fragment, et qui pourrait être entendu en ce sens que le mélange universel n’offrirait aucune des qualités déterminées des choses; comme tous les autres mélanges, celui-là doit nécessairement apparaître sous les formes qui prédominent comme quantité, et d’après l’état actuel du monde, suivant d’ailleurs en cela l’opinion d’Anaximène, le Clazoménien pense que la prédominance appartient à l’air; mais il croit devoir distinguer entre l’air lumineux (éther) et l’air sombre (ce qu’il appelle proprement air). Comme pour lui ces formes remplissent les espaces célestes, la prédominance comme nombre (ttàyiOîi) doit sans doute être rapportée au contraire à l’état de confusion originaire, où les molécules qui ont forme d’air sont regardées comme les plus nombreuses et comme déterminant dès lors l’apparence du mélange universel. Ou bien encore t:ay;0si doit ici être simplement entendu dans le sens de quantité, comme il parait devoir l’être dans le fragment 2 ; car, en thèse générale, le langage d’ Anaxagore est encore loin de posséder toute la précision désirable.

Le texte de ce fragment 2, qui représente l’air et l’éther comme se dégageant du milieu environnant, n’est nullement en contra- diction avec ce qui précède ; car ce texte désigne l’apparence actuelle et non l’effet qui aurait amené cette apparence.

Le fragment 15 fait une allusion très claire à la polémique de Zenon contre la pluralité, même si la leçon de Zeller : xb yà? èbv c>/. Ifrct toprij (au lieu de xb y.Yj que donnent les manuscrits) o&c sTvai, devait être rejetée. Mais je ne puis approuver son explication (II, p. 399, n. 3) d’un autre passage de ce fragment: /.a- îsov iàtl (tc {iiya)»ov) -;o s[X’.v.piï) ~Xr<6oç, à savoir: la grandeur a autant de degrés que la petitesse (littéralement: le grand est égal au petit en pluralité").

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