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d’Ésope ; comment enfin le déplacement que nous avons admis explique les discordances sur la durée de la vie de Pittacus et de Thalès. Il est donc suffisamment confirmé par l’ensemble de notre discussion, et il en ressort également qu’Apollodore avait raison de placer le règne de Crésus entre Ol. 52,1 = 572 et Ol. 55,3 = 558, d’où, pour le règne d’Alyatte de 57 ans, les limites 629 à 572.

6. Xénophane et les Éléates. — Notre discussion pourra désormais marcher plus rapidement, le terrain se trouvant déblayé d’importantes questions accessoires et le lecteur ayant déjà pu se familiariser avec les procédés des anciens chronologistes. Malheureusement les incertitudes ne seront pas moins grandes.

Ainsi, d’après le double témoignage de Sextus Empiricus et de Clément d’Alexandrie (Strom., I, p. 301 c), Apollodore doit avoir fixé la naissance de Xénophane à Ol. 40 = 620. Diogène Laërce (IX, 20, d’après Sosicrate ?) donne au contraire pour l’acmé Ol. 60 = 540, d’où l’on conclurait pour la naissance Ol. 50 = 580.

Diels pense que l’acmé correspond à la fondation d’Élée, vers 540 ; il croit donc que la date d’Ol. 40 est fautive et qu’Apollodore avait en réalité admis Ol. 50 pour la naissance. Il pense d’ailleurs que le chronographe avait échelonné les acmés de Parménide (Ol. 69) et de Zénon (Ol. 79) de façon à placer entre les trois Éléates, pris deux à deux, la même distance à peu près qu’entre Socrate et Platon.

Mais si Apollodore plaçait la prise de Sardes en 558, il devait mettre la fondation d’Élée vers Ol. 57 et non Ol. 60. — La concordance des deux témoignages différents, pour la naissance de Xénophane, oblige à supposer une corruption très ancienne, ce qui est une hypothèse assez peu plausible. — Enfin rien ne nous oblige à croire que les dates pour les acmés de Parménide et de Zénon, telles que nous les trouvons dans Diogène Laërce, proviennent d’Apollodore, ni que la combinaison de l’échelonnement, à la supposer réelle, ne soit pas plutôt le fait d’un auteur de Successions, comme Sosicrate.

Au reste, ces deux dernières dates sont très mal assurées, aussi bien la seconde, qui paraît tout à fait arbitraire, que la première, qui semble dépendre d’un synchronisme approximatif établi entre Parménide et Héraclite. Il n’y a donc aucun motif sérieux pour rejeter le témoignage bien connu et très précis de Platon, qui ne