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sion avec Pythagore (ou peut-être Anaximène). Éd. Zeller[1] a tort de dire que l’on fait d’ordinaire coïncider le commencement de la tyrannie de Polycrate avec Ol. 53,3 = 566, c’est-à-dire avec la 44e année (lisez 45e) d’Anaximandre. Il n’est possible d’admettre cette date qu’en supposant un premier Polycrate ; le seul célèbre, le seul que Diogène ait pu désigner, ne régna que 11 ans, et comme sa tyrannie, d’après Hérodote, semble s’être terminée la même année que le règne de Cambyse, on peut la fixer très approximativement de 534 à 524 inclus (Ol. 61,3-Ol. 64,1). Quoique Diogène Laërce[2] place d’ailleurs l’acmé de Pythagore vers Ol. 60, Diels a bien établi qu’Apollodore devait, avec Ératosthène[3], la mettre Ol. 62, c’est-à-dire à l’époque présumée où Pythagore quitta Samos pour fuir la tyrannie de Polycrate. Quant à la durée de la vie du chef de l’École Italique, j’admets aussi avec Diels qu’Apollodore la fixait probablement à 90 ans (Diog. L., VIII, 44). Il aurait donc vécu, d’après ces données plus ou moins arbitraires[4], entre 572 et 482.

8. Anaximène. — Pour Anaximène, la question est très obscure ; Diogène Laërce (II, 3) dit : « Il naquit, suivant Apollodore, Ol. 63 (= 528), et il mourut lors de la prise de Sardes. »

On doit, en tout état de cause, écarter l’hypothèse que Diogène Laërce ait voulu parler de la prise de Sardes lors de la révolte de l’Ionie, Ol. 70 ; l’anachronisme est donc patent. Diels admet une corruption des données d’Apollodore ; celui-ci aurait fait corres-

  1. I, p. 211, note. — Je cite la Philosophie des Grecs, d’après l’excellente traduction de M. Boutroux.
  2. Il est possible que cette date provienne du désir de rapprocher Pythagore de Thalès suivant les légendes en cours, ou bien encore qu’on ait voulu faire remonter son départ de Samos, fixant l’acmé, à l’époque présumée de la tyrannie des trois fils d’Éacès, avant que Polycrate eût fait périr ou chassé ses deux frères.
  3. Ératosthène (Diog. L., VIII, 47) distinguait un autre Pythagore, « le chevelu de Samos ». qui aurait combattu au pugilat à la limite d’âge (entre les enfants et les hommes) dès Ol. 48 et qui aurait laissé des écrits sur l’histoire des Doriens (?). Ce personnage a sûrement été confondu avec le philosophe par divers auteurs, et c’est de là que doit provenir la donnée d’Antilochos (Clément d’Alex., Strom., I, 339) qui plaçait l’ήλιϰία de Pythagore Ol. 49,2 = 583.
  4. C’est aussi assez arbitrairement que semble avoir été fixée l’acmé de Phérécyde (Ol. 59, Diog. L.) une douzaine d’années avant celle de Pythagore. Cette fixation n’est d’accord ni avec la tradition qui le met en rapport avec Pittacus, ni avec celle qui le montre déjà atteint de la phthiriase quand Thalès vit encore ; c’est au contraire l’improbable légende d’Aristoxène qui le fait enterrer par Pythagore déjà vieux.