Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/58

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tion dont nous ignorons la date et dont nous ne retrouvons nulle trace ailleurs.

La première lettre est supposée écrite par Anaximène pour annoncer au Samien la mort de Thalès ; la première réponse de Pythagore manque ; mais, comme on le voit d’après la seconde lettre du Milésien, elle devait annoncer le départ de Samos. Cependant cette seconde lettre parle des enfants d’Éacès et non de Polycrate seul, comme opprimant la patrie de Pythagore ; d’autre part, elle représente les Ioniens comme au début de leurs hostilités contre les Perses et Anaximène comme n’attendant que la ruine. La réponse de Pythagore ne donne aucune autre indication. En tout cas, la correspondance est supposée échangée tout entière à une époque assez voisine de la prise de Sardes.

Cette hypothèse ne peut évidemment concorder qu’avec la chronologie de Sosicrate : 546 pour la prise de Sardes, 540 pour le départ de Pythagore, tandis qu’Apollodore fixait respectivement ces deux événements en 558 et 532. Peu importe, à cet égard, que la tradition dont il s’agit ici n’ait aucune valeur historique, qu’elle soit notamment en contradiction avec le récit d’Hérodote, d’après lequel Milet traita sans délai avec les Perses. Cette tradition suffit à nous confirmer dans l’opinion que la mention de la prise de Sardes par Diogène Laërce à propos d’Anaximène se rapporte bien à L’acmé, mais qu’elle provient de Sosicrate.

Est-il admissible, maintenant, comme nous l’avons supposé plus haut, qu’Apollodore eût déjà fixé l’acmé à la prise de Sardes, mais douze ans plus tôt en fait ? Il aurait alors supposé Anaximène presque aussi ancien qu’Anaximandre et sensiblement plus vieux que Pythagore ; conjecture bien invraisemblable par elle-même, et qui dérange tout ce que l’on sait de la tradition. La concordance apparente avec Suidas ne peut la sauver, car, au sujet de ce Byzantin, l’assertion de Diels est très plausible.

Mais si la date de la prise de Sardes d’après Apollodore ne peut intervenir dans la vie d’Anaximène pour L’acmé elle ne le peut pas davantage ni pour la naissance ni pour la mort ; ainsi la seconde partie de la donnée de Diogène Laërce n’est pas empruntée à Apollodore. En tout cas, d’après la correspondance apocryphe, d’après Hippolyte et Suidas, elle se rapporte à l’acmé ; la source compilée venait sans doute de Sosicrate originairement, et il est probable qu’elle disait : Anaximène florissait lorsque Thalès mourut, lors de la prise de Sardes. Suivant cette source donc, le