Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/110

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elles lieu a une remarque analogue. Il n’est donc pas surprenant, pourrait-on dire, que ce qui est vrai de chaque onde élémentaire le soit d’un groupement d’ondes, d’une onde complexe, d’autant plus déformée que plus compliquée. Cette superficielle explication ne me satisfait pas, car il est à remarquer que la précision des oppositions, pas plus que celle des répétitions, n’est proportionnelle au degré de simplicité des choses qui s’opposent ou se répètent. Un peu de complication parfois l’altère ou l’ôte, et beaucoup de complication la ramène. Le cours des saisons se répète assurément, d’une année à l’autre, avec moins de régularité qu’en chaque espèce vivante, le cours du développement de la vie d’une génération à une autre, malgré la complication infiniment plus grande des faits vitaux que des phénomènes météorologiques. Dans nos sociétés, à mesure qu’elles se compliquent, nous voyons les travaux, les fonctions de tout genre, s’y accomplir avec une exactitude non pas décroissante, mais croissante au contraire, et toutes les administrations s’y développer dans le sens d’une symétrie plus parfaite.

Mais, si l’on compare la manière dont les êtres vivants ou sociaux se dissolvent et disparaissent à leur mode de croissance et de développement, ce n’est pas seulement le défaut de symétrie entre les deux changements qui mérite d’attirer l’attention ; c’est, en outre, ce fait, étrange au fond, que l’inégalité très grande des deux, jointe à leur asymétrie très marquée, est toujours au détriment du second. Partout et toujours, dans notre univers - et peut-être est-ce là sa caractéristique inaperçue, parmi d’autres univers qui nous sont inconnus - partout et toujours, la période de formation concentre