Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/129

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lui-même, ou ses disciples, guérissent parfois leurs malades. Qu’on lise, en tête de l’Organon, la pompeuse liste des cures merveilleuses attribuées par Hahnemann à l’application inconsciente et anticipée de ses idées, et l’on se convaincra que, là où il n’y a pas eu erreur manifeste, il y a eu substitution, non pas de symptômes artificiels d’un certain genre à des symptômes naturels d’un genre identique, quoique d’un degré moindre, mais bien de certains effets physiologiques à d’autres effets parfaitement différents malgré des analogies superficielles, comme lorsque, au moyen de caustiques, les médecins substituent à une inflammation de mauvaise nature une inflammation non maligne. Être exempt ou non de malignité, cela constitue en thérapeutique une différence assez notable pour n’être point regardée comme négligeable. Si les principes posés par Hahnemann étaient vrais, on devrait traiter un homme empoisonné par l’arsenic, en lui faisant prendre une autre dose d’arsenic, seulement un peu plus forte, et tâcher de guérir un anémique par la saignée et les sangsues. Le paradoxal Allemand ne conseille point cela, mais pourquoi veut-il que les effets soi-disant semblables, recherchés par lui, soient obtenus au moyen de causes différentes ? Est-ce que cette dissemblance dans les causes n’en laisse pas supposer une, sensible ou insensible, dans les effets aussi ? Si l’on entend similitude ici dans le sens de différence légère, d’angle aigu distinct du parallélisme, mais s’en rapprochant, il peut se trouver que le fameux régénérateur de la médecine ait mis une âme de vérité sous son amas d’erreurs. Il remarque fort bien, faisant une courte excursion en psychologie, qu’ « un spectacle riant ne fera