Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/145

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oscille-t-elle ainsi dans tous les sens ? Pourquoi se répéter et se multiplier ne suffit-il point à la vie et demande-t-elle encore, pour réaliser ses fins cachées, à s’opposer, à se grouper, à se réfléchir ? Si nous ne songions qu’à la symétrie esthétique des formes individuelles ou à l’équilibre stable des variétés opposées, nous pourrions croire que la vie tend par-dessus tout à l’Unité à ce leurre métaphysique des Orientaux, des Alexandrins, de la science contemporaine aussi. Si nous n’avions égard qu’à la fécondité des individus et à l’extension des espèces conquérantes, nous pourrions penser que la vie rêve l’Infinité, un maximum inaccessible et illimité d’expansion universelle. Autre chimère. Joignons ces deux points de vues, et nous apercevrons que la vie cherche avant tout, et atteint par degré, la totalité, une totalité de plus en plus vraie, de plus en plus totale pour ainsi dire. Elle veut faire des touts, des mondes définis, qui pillent chacun à part le grand chaos ambiant et aspirent à le posséder de plus en plus. Ou, pour préciser davantage, elle vise deux fins distinctes concurremment : tout posséder et posséder totalement quelque chose[1]. Nous reviendrons sur cette distinction.

  1. Et, de fait, il est clair que la vie, malgré son goût pour la symétrie, est avant tout un agent répétiteur, et, par suite, multiplicateur. Dans rem branchement des mollusques, la symétrie proprement dite est rare ; Thuttre n*en montre nulle trace, le colimaçon ne la présente que dans la dualité de quelques ans de ses organes. Les rayonnes dont les rayons sont en nombre impair, et c’est, je crois, le cas le plus fréquent, ne peuvent être regardés comme symétriques dans le sens géométrique du mot, que si le plan médian partage en deux Tnn des rayons. Rien n’empêche cette dissection idéale, mais il peut paraître plus simple et plus rationnel de prendre ici pour unité indivisible le rayon et de le considérer comme répété un certain nombre de fois, plutôt que de réduire cette multiplicité quelconque à une dualité artificielle. Géométriquement