Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/166

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limites infranchissables. En botanique, même observation : on peut considérer un arbre dans son ensemble comme une grande feuille sans parenchyme, dont les nervures (les branches) se développent de tous côtés, symétrie vaguement sphérique, et non dans un seul plan, bilatérale. Cette substitution d’un développement plat à un développement plein, qui donne naissance aux feuilles proprement dites, est à la fois un avortement et un progrès. L’un ne va pas sans l’autre.

Dans les autres domaines de la réalité, nous voyons se produire ce même passage de la symétrie sphérique à la radiaire et à la bilatérale. Le système solaire présente une symétrie radiaire ; il est aplati comme un disque, et à chaque point de la courbe décrite par un astre correspond un autre point symétrique déjà occupé par ce même astre. Or le système solaire, avec ses retours périodiques des mêmes états, ses cycles séculaires, ses combinaisons de mouvements diversifiés à l’infini qui jamais ne se confondent, est quelque chose de certainement plus régulier et plus beau qu’un des globes quelconques ou des atomes pareillement globuleux, dont il se compose. À coup sûr, la circulation elliptique d’une planète, effet partiel de l’attraction qui, par conséquent, l’a précédée, l’emporte à ce point de vue sur le rayonnement attractif, sphériquement symétrique, qui émane de toute masse et de toute molécule. En physique, n’est-il pas visible que l’électricité, force polaire, linéairement symétrique, est hiérarchiquement supérieure à la chaleur, soit à la chaleur rayonnante proprement dite, qui se perd dans les espaces, soit à celle qui rayonne seulement dans l’intérieur des corps et qui révèle aussi sa nature de