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Chapitre VI

Oppositions psychologiques


I

Nous voici au cœur même de notre sujet. C’est ici que toutes les idées antérieurement émises doivent trouver leur confirmation ou leur écueil, que toutes les oppositions mathématiques, physiques, vivantes, doivent s’éclairer d’un nouveau jour ou révéler leur inanité. J’espère parvenir à démontrer que nulle part plus qu’en psychologie n’apparaissent avec évidence, d’une part, la réalité et l’importance du rapport d’opposition, d’autre part, sa subordination à celui de variation et d’originalité. Nous allons voir s’y déployer toutes les formes d’oppositions, qualitatives et quantitatives, mises au service d’une exubérance d’impressions fugitives et uniques en soi, caractère si frappant du monde de la conscience qu’on a pu, avec une apparence de raison, affirmer que rien n’y dure, que rien ne s’y répète, que rien n’y est susceptible de plus ni de moins, d’augmentation ni de diminution véritable[1].

Si l’on veut voir clair en psychologie, la première chose à faire est d’y démêler, dans les innombrables combinaisons d’éléments hétérogènes qu’elle nous offre, la présence de deux

  1. Je fais allusion, on le comprend, à la thèse si connue et si remarquable de M. Bergson.