Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/184

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donc, il y a un ferment de désir cache sous le soulèvement de la croyance. — Dans la volonté, c’est, à l’inverse, le désir qui joue le rôle principal. Qu’est-ce que la volonté ? C’est « le désir mobilisé par le jugement. Je veux ceci, parce que je désire cela et que je juge que ceci est cause de cela. Comme la différence des points de l’espace situés sur la même ligne droite, tout importante qu’elle est à d’autres égards, est indifférente au regard de la force mécanique qui les traverse sans s’altérer, ainsi la différence des actes successifs qui concourent à la même fin est comme non existante pour le désir qu’ils se passent de l’un à l’autre. je marche vers un puits, je fais fonctionner la pompe, j’incline le seau plein et je bois ; faire tout cela, c’est également désirer boire ». De la même manière on peut dire, au sujet du jugement, que « la différence des sensations et des images, si hétérogènes soient elles, rapportées par nous à un même objet, et aussi bien des formules verbales qui la désignent, est non avenue pour la croyance qui les parcourt et passe à travers. »

Et qu’est-ce que le sentiment ou la passion, si ce n’est une sensation, ou une image, ou une agrégation de sensations et d’images, en tant que désirées ou repoussées, et désirées ou repoussées en vertu de jugements ? Mais n’anticipons pas sur ce qui va suivre ; et, après ces premiers préliminaires indispensables, hâtons-nous de passer en revue les sensations, puis

    et qui a été réimprimée dans mes Essais et Mélanges sociologiques (1895, Stork et Masson), auxquels je renvoie le lecteur. Tout le chapitre intitulé La croyance et le désir (et notamment pp. 237-280) est le complément, et parfois le développement, ou bien simplement indication des considérations que je présente au début de ce chapitre. L’importance du sujet m’a paru devoir faire excuser cette insistance.