Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/214

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visuelle, de la facilité à reconnaître les similitudes et à discerner les différences ; et le noir, le minimum des deux. Il y a donc, dans le double passage du blanc au noir et du noir au blanc, une opposition de degré, du genre précédemment étudié, mais non celle du positif et du négatif, du moins au point de vue de la croyance. Au point de vue du désir, c’est différent, et il est remarquable qu’à cet égard le blanc a, en général, une expression de plaisir, de joie, d’attrait, de beauté le noir, une expression de douleur, de tristesse, d’horreur, de laideur, et non pas une simple expression d’indifférence.

Ainsi, le blanc et le noir, subjectivement, offrent cette particularité de refléter le contraste dynamique du désir et du contre-désir, mais non celui de l’affirmation et de la négation, et de ne se comporter comme opposés dynamiquement que par leurs relations avec le désir et la volonté, non avec la croyance et le jugement ; mais cela suffit, vu l’importance du côté volontaire et pratique de l’âme, surtout dans le passé de l’humanité, pour que le blanc et le noir, malgré cela, soient jugés former une opposition, et même le type le plus parfait de l’opposition universelle - illusion partagée, nous l’avons vu, par le génie même d’Aristote.

Chercherons-nous maintenant dans le domaine des sensations acoustiques, à découvrir des oppositions dynamiques ? Il n’y en a point. Où serait le point de départ d’une double échelle renversée des degrés de l’acuité et de la gravité des sons ? Il n’y a qu’une seule série de notes, divisée en gammes qui, elles-mêmes, ne présentent aucun contraste du genre indiqué. Le do ne s’oppose point au si, ni le ré au la, de la même manière que le blanc semble s’opposer au noir, ou le froid au chaud.