Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/242

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et du négatif, leur est également applicable. Les instincts sont définis par Wundt « les modes d’un désir ou d’une répulsion indéterminés, dans lesquels un sentiment de plaisir ou de déplaisir existant engendre des mouvements corporels, qui ont pour effet de renforcer le sentiment de plaisir ou d’écarter le sentiment de déplaisir. » Il y a donc, d’après lui, deux sortes d’instincts « d’après les deux extrêmes du sentiment. » Et, « comme le sentiment et l’émotion, l’instinct a, en outre, une position d’indifférence entre les deux contraires. Près de cette position d’équilibre neutre, nous nous trouvons, par exemple, dans l’état de simple attente, toutes les fois que simplement une impression quelconque est désirée et que la nature de celle-ci est indifférente. » Est-ce à dire qu’on puisse distinguer trois classes d’instincts : les positifs, les négatifs, et les neutres, ces derniers réalisant état zéro dans cette importante opposition ? Non, pas plus qu’il n’est permis d’admettre des sentiments neutres qui consisteraient à n’être affectés ni en bien ni en mal ; pure contradiction dans les termes. On peut dire, il est vrai, en faveur de ce point de vue, que la permission donnée à l’animal, dans des certaines limites tracées d’avance, à se déterminer comme il le voudra, atteste, comme les commandements et les défenses qui lui sont imposés en dehors de ces limites, une même autorité supérieure et mystérieuse à laquelle il resterait soumis même en agissant spontanément dans sa sphère de liberté apparente. Mais il n’en est pas moins certain que les commandements et les défenses sont pareillement des contraintes, tandis que les permissions sont essentiellement des non-contraintes et doivent être mises à part.