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XIII

Après avoir étudié, sous les noms de sensations et de sentiments, les produits les plus immédiats de la combinaison de la croyance et du désir avec les données des sens perçues ou remémorées, il nous reste à parcourir rapidement les résultats d’un exercice plus libre et d’une plus intime union de ces deux forces de la conscience, quand, se subordonnant tour à tour l’une à l’autre et s’utilisant réciproquement, elles produisent, l’une l’enchaînement logique des jugements et des notions, des notions et des jugements, jusqu’au plus haut point de généralisation, l’autre l’enchaînement téléologique des desseins et des moyens, des moyens et des desseins, jusqu’au plus haut degré de puissance. On remarquera qu’à ce niveau supérieur la démarcation entre l’activité intellectuelle et l’activité volontaire est bien plus tranchée que plus bas. Les jugements appartiennent bien plus nettement à la croyance et les desseins au désir que les sensations-perceptions n’appartiennent à la première et les sentiments au second. Aussi avons-nous pu parler de sentiments-croyances et de sensations-désirs, tandis que nous ne parlerons pas de jugements-désirs ni de desseins-croyances.

Mais disons d’abord que le rapport de la téléologie, logique de l’action, avec la logique proprement dite ou logique de la pensée, est précisément celui de la croyance avec le désir. C’est une erreur de confondre ces deux choses en une seule,