Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/307

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Je pose l’état zéro, le moyen terme, de chacune de ces oppositions, comme premier terme des oppositions qui suivent :

Égalité, inégalité, incommensurabilité (inégalité infinie). Similitude, différence, hétérogénéité (différence infinie). Néant, être, infini. Contiguïté, distance, distance infinie. Repos, mouvement, ubiquité (vitesse infinie). Impuissance, force, toute-puissance. Non-bien, bien et mal, perfection. Inutilité, obstacle, indispensabilité.

Ces dernières oppositions sont-elles absolument stériles et imaginaires ? Si l’on en croit les imprécations proférées par l’école néo-criticiste contre la notion capitale d’où elles émanent toutes, cela n’est pas douteux. Mais, en réalité, ces oppositions infinitistes ont un sens plus profond que les oppositions finies, si souvent superficielles. Peut-être, le vrai rythme de l’Univers est-il la tendance alternative du néant à l’infini (expansion) ou de l’infini au néant (concentration), plutôt que la vibration de droite à gauche ou de gauche à droite, ou le passage du plaisir à la douleur ou de la douleur au plaisir, du oui au non ou du non au oui. Ou plutôt, peut-être la vie universelle a-t-elle un sens décidé, une orientation vraiment divine, et, dans cette hypothèse, les oppositions nouvelles dont nous venons de donner quelques exemples bien imparfaits sont-elles propres à nous révéler le véritable rôle des oppositions ordinaires, puisque celles-ci leur fournissent leur terme médian et apparaissent de la sorte comme un simple moyen en vue de la fin universellement attirante, l’impossible idéal, la plénitude du désir et de la foi.