Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/399

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plus gagné que perdu à son triomphe ? Le plus souvent, le défaut de commune mesure entre les biens détruits et les biens acquis rend le problème absolument insoluble. Quand il peut être résolu, la superstition révolutionnaire empêche de voir la vraie solution. Inutile d’insister ici.


XII

Parlons enfin de la plus grandiose des oppositions sociales : la guerre. Quand une volonté et une nolonté collectives se sont longtemps amassées, accumulées, dans deux nations, comme des électricités de noms contraires dans deux nuages, elles finissent par s’incarner en deux armées qui marchent l’une contre l’autre : opposition gigantesque où les termes extrêmes sont représentés par les peuples belligérants et leurs alliés respectifs à divers degrés, et l’état zéro par les nations neutres, qui jouent le rôle de l’hésitation dans l’opposition psychologique correspondante. La guerre, emploi social de toutes les oppositions mathématiques et physiques que nous connaissons, par des chocs de forces contraires, par des symétries de troupes affrontées, la guerre est en même temps le confluent et la consommation suprême de toutes les oppositions sociales poussées à bout : contradictions d’idées ou contrariétés de desseins, si l’on n’y prend garde, toutes aboutissent là, et se résolvent là. Et que faut-il pour qu’elles se précipitent en cet abîme ? Toujours la même condition, dont la réalisation dans certains cas semble bien, à première vue, inévitable. Il faut, mais il