Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/56

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sein du christianisme ; elles lui sont extérieures. Il a fallu l’affermissement inespéré et momentané de la foi orthodoxe sous Louis XIV en France, grâce à son accord transitoire avec la science toute mathématique et physique d’alors, pour permettre à un dissentiment doctrinal aussi léger en somme que celui des jansénistes et des molinistes, de prendre les proportions d’un schisme national.

Il est des époques et des sociétés plus heureuses ou des querelles comme celles des partisans de la musique italienne et de la musique française au XVIIIe siècle passionnent l’opinion. Il en est d’autres tristement condamnées, pour toute pâture, aux problèmes économiques ou aux problèmes juridiques. Le cerveau des quelques Romains qui se mêlèrent de philosopher ne connut pour ainsi dire pas d’autre aliment que les questions de droit. Aussi a-t-on vu chez eux des discussions, telles que celles des proculéiens et des sabiniens, qui ne franchiraient pas de nos jours le seuil d’une salle de conférences d’avocats stagiaires, agiter Rome et laisser à l’histoire leur souvenir.

Il est donc des sociétés en quelque sorte polarisées ; ou plutôt il n’est est pas qui ne le soit toujours par un côté quelconque sur lequel se dirige momentanément ou durablement le foyer de la rétine nationale, pour ainsi parler. Mais c’est un malheur pour celles qui se maintiennent à demeure dans cette forme dualistique, faute de noyer dans un rayonnement de dissidences de tout genre les divisions d’un certain genre trop privilégié, qui acquièrent de la sorte une valeur très exagérée, jusqu’à faire couler le sang. Pouvons-nous croire qu’en ce qui concerne nos nations européennes les plus brillantes, le