Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/95

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Mais dans le monde des organismes et des sociétés, où découvrir des exemples un peu solides d’actions contraires qui ne soient pas des actions successives ? Ce n’est pas que, à première vue, à considérer tout un ensemble de cellules organiques ou d’individus associés, on ne puisse invoquer ici bien des fonctions contraires accomplies à la fois : celles des nerfs afférents et des nerfs efférents, celles des partis opposés en politique, etc. On remarquera à ce sujet les idées assez récemment émises sur l’anabolisme et le catabolisme : si l’on en croit les auteurs de cette théorie, les êtres vivants se divisent en deux catégories suivant que domine en eux la portion intégrante et constructive (anabolique), ou la portion désintégrante et destructive (catabolique) des opérations cellulaires, et cette distinction se réaliserait notamment dans la

    Les fondateurs, comme la plupart des théoriciens, ont abusé de l’antithèse. L’élément positif et l’élément négatif, le sel et l’acide, se font vis-à-vis dans leurs conceptions symétriques. Et Ton considère qu’un grand progrès s’est opéré quand Laureni et Gerhardt ont fait prévaloir des idées différentes, fondées sur la notion de type, de thème susceptible de répétition eX de variation, comme une espèce vivante. D’après ce point de vue, « qui domine aujourd’hui la science », dit un chimiste contemporain (V. Revue scientif, 8 août 1896, article de M. Grimaui) « les combinaisons chimiques dérivent d’un édiflce premier, un hydrocarbure modifié par substitution et par addition sans que le plan primitif soit changé, de même que, dans une construction, l’architecte peut changer des pierres ou ajouter des constructions annexes sans modiûer le plan de la construction première. Cette conception de Laurent a précédé celle des types chimiques de Dumas, des types mécaniques de Regnault. On comprend combien cette manière de considérer les corps organiques devait paraître singulière à Berzélius et à ses disciples, qui s’efforçaient de les représenter par des formules balistiques, et les faisaient dériver de l’union d’un groupe négatif et d’an groupe positif ». — La chimie actuelle en est arrivée k pouvoir se poser la question de savoir si la structure de certaines molécules est symétrique ou dissymétrique. C’est par la dissymétrie de beaucoup d’entre elles, nous le verrons plus loin, qu’on explique quelques-unes de leurs plus éminentes propriétés.