Page:Tardivel - L'anglicisme voilà l'ennemi - causerie faite au Cercle catholique de Québec, le 17 décembre 1879, 1880.djvu/18

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« Moi pour un, » au lieu de « pour ma part » ; « notifier quelqu’un d’une chose, » pour « notifier une chose à quelqu’un » ; « rencontrer des dépenses, des obligations, » au lieu d’y « faire honneur, » ou d’y « faire face » ; « rajuster ou réajuster un tarif » pour le « remanier » ; « tendre un avis » pour « donner » un avis ou un conseil ; se « satisfaire » d’une chose au lieu de s’en « convaincre, » sont autant d’anglicismes.

« Le rapport d’une discussion, d’une séance » est une expression vicieuse que nous entendons tous les jours. Il faut dire « le compte rendu » ou « le procès verbal » suivant le cas. Le mot référer est souvent employé mal à propos. Référer signifie : faire rapport. « Il faut en référer à la chambre ; » ou encore : S’en rapporter à quelqu’un. « Je m’en réfère à vous » ; ou bien encore : avoir rapport. « Ce passage se réfère à tel autre. » On dit aussi : « Je vous en réfère tout l’honneur. » Mais on ne doit pas dire : « Je vous réfère à tel livre, » ou, « référez à tel ouvrage, » c’est : « Je vous renvoie à tel livre, » ou « consultez tel ouvrage » qu’il faut.

M. le « Premier, » pour « M. le Premier Ministre, » « l’honorable Blake » pour « l’honorable M. Blake, » ou « l’honorable Edouard Blake, » sans être des anglicismes, sont des expressions peu élégantes. Le mot motion est admis aujourd’hui dans le langage parlementaire ; mais on fait une motion, on ne la propose pas. C’est trop anglais : to move a motion. « En amendement » — in amendment est également incorrect. « Comme amendement, » ou « par voie d’amendement, » serait plus français, je crois.