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habitude, que nous avons graduellement contractée, de parler anglais avec des mots français, est d’autant plus dangereuse qu’elle est généralement ignorée. C’est un mal caché qui nous ronge sans même que nous nous en doutions. Du moment que tous les mots qu’on emploie sont français, on s’imagine parler français. Erreur profonde. Pour bien parler et écrire le français, il est non seulement nécessaire d’employer des mots français, il faut de plus donner à ces mots leur véritable signification. Massacrer la langue française avec des mots français est un crime de lèse-nationalité. À mes yeux les barbarismes, les néologismes, les pléonasmes, les fautes de syntaxe et d’orthographe sont des peccadilles en comparaison des anglicismes qui sont pour ainsi dire des péchés contre nature. Entrons maintenant en matière.



Comment aborder ce vaste sujet ? Des anglicismes ! Il y en a partout, au barreau, dans les journaux, dans les livres les mieux écrits et jusque dans la chaire sacrée. Personne n’en est entièrement exempt, personne n’a le droit de jeter la pierre à son voisin. Moi, le premier, j’en ai des milliers sur la conscience, et bien que j’aie juré une haine éternelle contre ce péché littéraire je suis certain d’y retomber encore bien des fois avant de mourir.

Pour simplifier les choses, je laisserai de côté le langage des affaires et des métiers. La confusion y est telle que je ne suis pas de taille à la débrouiller. Nous ne connaissons guère le nom français des