Page:Tardivel - L'anglicisme voilà l'ennemi - causerie faite au Cercle catholique de Québec, le 17 décembre 1879, 1880.djvu/9

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intérêts sectionnels et que les intérêts généraux y sont ignorés. J’objecte à ce qu’on législate en faveur du petit nombre et que l’on adopte des lois qu’il faut rappeler au bout d’un an. Je vois sur les ordres du jour d’autres mesures non moins mauvaises que la partisannerie seule a pu dicter. Nous sommes responsables à nos constituants, et il ne faut pas se mettre en contravention avec les grandes lois de la moralité publique. »

On dirait que c’est du français, n’est-ce pas ? Eh bien ! c’est de l’algonquin tout pur. Un Français n’y comprendrait rien. Et cependant je n’ai pas exagéré ; on entend parler ce langage depuis l’ouverture jusqu’à la clôture de la session. Analysons rapidement ce discours :

« M. l’orateur : » mauvaise traduction du mot Mr. Speaker. En France, on dit le président de la chambre. Que ne le dit-on ici ? Mais quelqu’un, très fort sur les nuances du parlementarisme, me répondra peut-être que « M. le président » ne rend pas tout à fait la signification de Mr. Speaker. Cela est vrai, mais il est également vrai que « orateur » ne rend pas du tout le mot Speaker qui ne peut se traduire exactement en français que par une périphrase. Le Speaker, dans le parlementarisme anglais, est celui qui sert d’organe à la chambre, celui qui communique avec le chef de l’exécutif. Il est plus que le président d’une assemblée délibérante. Mais le mot orateur signifie un homme qui parle ; or le Speaker ne peut prendre part aux débats que lorsque la chambre siège en « comité général. » De tous les députés, c’est lui qui parle le moins. « M.