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OU RECUEIL D’ÉTUDES

vrai que le besoin d’une réforme agricole radicale se fait impérieusement sentir.


Nous sommes convaincu que si notre confrère avait étudié cette question autant que nous l’avons étudiée, il ne trouverait pas notre conclusion trop rigoureuse.

Nous avons devant nous une masse de preuves très accablantes contre le conseil d’agriculture.

Plus nous examinons la conduite illégale de ce corps, plus nous sommes persuadé que le gouvernement ne saurait se montrer trop sévère. Si l’abus que nous avons signalé dans notre dernier article était un fait isolé, un accident pour ainsi dire, on pourrait peut-être prétendre que le conseil ne mérite pas qu’on le casse. Mais cet abus n’est que le résultat d’un mépris systématique de la loi, n’est qu’un incident dans la longue série d’illégalités qui ont marqué l’existence du conseil d’agriculture.

En effet, ce conseil, dès le début, n’a tenu aucun compte des dispositions de l’acte de 1869.

La loi dit clairement que les sociétés d’agricultures doivent envoyer leurs rapports annuels au commissaire, qui doit juger, d’après ces rapports, si les sociétés méritent les subventions ou non. Or, cela ne s’est jamais fait et ne se fait pas encore. Les sociétés envoient leurs rapports directement au conseil, qui accorde ou supprime la subvention selon son bon plaisir. C’est une infraction évidente de la loi, c’est une usurpation de pouvoir intolérable qui mérite le plus sévère châtiment que le gouverneur en conseil puisse infliger.

Le conseil d’agriculture ne peut offrir qu’une seule excuse : c’est que le gouvernement a été assez insouciant de sa propre dignité, assez négligent de son devoir, assez mou pour laisser commettre ces illégalités pendant des années et des années. Mais cette excuse condamne le gouvernement, elle ne justifie pas le conseil.

Encore une fois, le conseil a mérité cent fois d’être cassé et il le mérite encore. Il est parfaitement inu-