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Amicus confond la critique avec la satire. Je n’ai pas voulu faire une critique littéraire de la brochure de M. Faucher pour l’excellente raison que ça ne valait pas la peine. Il m’a semblé que c’était une vessie et que quelques piqûres d’épingle suffiraient pour la dégonfler.

L’épingle et le sifflet, ce sont des instruments dont il faut se servir de temps à autre dans le monde des lettres.

Voilà pour la partie littéraire de la discussion. Passons.

Plus Amicus avance, plus sa tristesse augmente et plus son improvisation devient incompréhensible.

J’arrive, dit-il, à ma seconde question.

La critique qui nous occupe est-elle chrétienne ?

Je regrette d’avoir à répondre :

Pour sortir d’embarras, je me contenterai de faire quelques questions, en abandonnant la réponse au critique lui-même.

C’est textuel. Monsieur regrette d’avoir à répondre, c’est-à-dire d’être obligé de répondre, puis il m’abandonne la réponse !

Amicus me pose ensuite plusieurs questions qui peuvent se résumer ainsi : Est-il chrétien de calomnier son prochain ? Certainement non. Aussi je prétends n’avoir pas calomnié M. Faucher. Je trouve qu’il pose, qu’il est vaniteux, je le dis et je le prouve. Je n’ai pas attaqué sa réputation d’honnête homme, de chrétien, de citoyen. Comme écrivain, il me parait insupportable, voilà tout, et je pense bien qu’il a la même opinion de moi. Je ne vois pas en quoi nous lésons le christianisme.

Mais puisqu’il s’agit de christianisme, je poserai, à mon tour, une toute petite question à Amicus. Est-il chrétien d’affirmer ou de faire entendre ce qui est contraire à la vérité ? Je ne le crois pas, et cependant, c’est ce qu’Amicus fait en affirmant que je n’ai jamais écrit le moindre mot d’éloge à l’adresse de M. Faucher, et en faisant entendre que je suis animé d’une haine personnelle contre cet auteur.