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MÉLANGES

anime ces messieurs, où serions-nous, bon Dieu, s’ils arrivaient un jour à s’emparer du pouvoir. Les Craig, les Dalhousie et leurs supports auraient été de petits anges auprès d’eux ; leurs administrations auraient été des âges d’or, comparées aux destinées que nous pourrions attendre du comité central de Montréal et de ses affiliations ? Nous espérons que par le temps qui court un grand nombre de ceux qui se sont laissés entraîner dans le tourbillon commencent à ouvrir les yeux, à voir où on veut les mener, à quelle espèce de liberté on les convie.


Voilà ce que M. Étienne Parent pensait des chefs de l’insurrection, de M. Papineau et de ses lieutenants. Quant aux malheureux que ces hommes avaient égarés, il les croyait dignes de pitié plutôt que de blâme. Jamais il n’a dit qu’il fallait les admirer.

Je pourrais multiplier à plaisir les citations pour prouver que ce journal tenait, en 1837, le même langage qu’il tient aujourd’hui, mais il faut se borner. Je me contenterai du passage suivant que je trouve dans le Canadien du 9 octobre 1837. Il est question des agissements des Fils de la liberté et de la convocation de la fameuse assemblée des six comtés :


Si tout cela n’est pas une farce ridicule, ce sera bien une terrible tragédie. Nous mettrons au plus tôt sous les yeux de nos lecteurs les pièces du drame, farce ou tragédie, qui va commencer, et en attendant nous dirons que s’il y a dans la conduite des agitateurs de Montréal sagesse et patriotisme, s’il y a dans cette conduite autre chose que de la démence et un fatal aveuglement, nous renonçons à tout jamais à calculer le cours des événements politiques en ce pays.


Voilà le mouvement de 37 jugé par un homme dont le Courrier de Montréal a invoqué le témoignage contre nous, un homme dont M. Fréchette lui-même ne voudrait révoquer en doute l’intelligence et la sincérité. Que l’on me dise maintenant si ce mouvement doit être peint en beau, comme l’a fait M. Fréchette dans son drame.

Il est admis de tout le monde que le clergé a désapprouvé sévèrement et d’une voix unanime la politique révolutionnaire de Papineau et de ses adeptes. Cela devrait suffire pour convaincre tout esprit