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Il est bon qu’on sache leurs noms. Il y avait de plus quelques représentants de la presse, parmi lesquels je regrette de voir le nom d’un journaliste catholique.

Le récit que la Patrie fait de ce voyage ultra-sentimental est à faire pouffer de rire. C’est à Saint-Albans que M. Fréchette a donné lecture de l’énormité dont j’ai parlé tout à l’heure. La comédienne, d’après la Patrie, aurait répondu à « notre poëte » par la scie suivante :

Bravo, mille fois bravo, monsieur ! Vos vers sont charmants. Je vais les apprendre pour vous les dire moi-même.

La Patrie rapporte le fait suivant :

Pendant la sortie de la gare, Mlle Bernhardt qui était au bras de M. Jarrett, se trouva séparée de sa sœur Mlle Jeanne qui était accompagnée par M. Soudan, et les deux sœurs craignirent un moment l’une pour l’autre. Elles se réunirent de nouveau et à l’hôtel où, cédant à l’émotion de la soirée, elles s’embrassèrent en pleurant.

De prime abord, ça l’air d’une affreuse platitude, mais j’ai entendu expliquer cet incident d’une manière plus naturelle, et, le dirais-je, plus tragique : À la gare Bonaventure, une partie de la foule aurait prodigué à la malheureuse actrice des qualificatifs plutôt mérités que poétiques. De là « l’émotion de la soirée. »

L’attitude des journaux catholiques de Montréal a été singulièrement attristante dans cette circonstance : pas un seul n’a eu le courage de dénoncer carrément la représentation de pièces comme Adrienne Lecouvreur. La Minerve, la bonne Minerve, est allée même jusqu’à publier, en même temps que la lettre de Mgr Fabre, et avant cette lettre, une réclame échevelée en faveur de la comédienne !

Toujours à propos de la visite de Sarah Bernhardt à Montréal, voici ce qu’un ami m’a raconté : Plusieurs personnes qui avaient acheté des billets avant l’avertissement du clergé, ont dit qu’elles ne seraient pas allées aux représentations de cette actrice si elles