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l’Église ; lorsqu’ils se soustraient à l’autorité de Jésus-Christ et qu’ils veulent en même temps y soustraire les gouvernés ; lorsque, en un mot, l’État sort de son rôle et empiète sur le domaine spirituel, les conflits naissent de tous côtés, car l’Église, qui ne peut pas faillir, dira toujours à ses enfants : « Rendez à César ce qui appartient à César, mais à Dieu ce qui appartient à Dieu. »

Voilà pourquoi tout catholique admet le droit que possède l’Église d’exercer sa haute surveillance sur la politique, qui ne consiste pas uniquement en questions matérielles.

Le News nous demande ensuite pourquoi nous sommes si opposé à l’instruction obligatoire. La raison en est bien simple : C’est parce que nous ne reconnaissons pas à l’État le droit d’enseigner ; tout ce qu’il peut posséder, en matière d’enseignement, c’est le droit d’aider la famille et l’Église.

L’Église a reçu la mission d’enseigner, non l’État.

L’enseignement, à nos yeux, est une chose sacrée et non profane. C’est pourquoi nous avons dit que, lorsque l’État veut s’introduire de force dans le sanctuaire de l’enseignement, où l’Église et la famille ont seules de véritables droits, c’est l’abomination de la désolation : Abominatio desolationis stans in loco sancto.

Le News dit que l’éducation étant une chose bonne en soi, l’État fait bien de la rendre obligatoire pour tout le monde. Beau raisonnement, en vérité, et qui nous porterait loin si nous en tirions les dernières conséquences.

Par exemple, le mariage est bon, il est même nécessaire à l’existence de l’État. Est-ce que le News voudrait établir le mariage obligatoire ?

Lorsque l’État touche à ce qui ne le regarde pas, il tombe toujours dans l’absurde ou l’arbitraire, et presque toujours dans les deux à la fois.