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MÉLANGES


Est-ce qu’il ne nous reste aucun moyen de souhaiter la bienvenue, parmi nous, à cet ambassadeur de la pensée, à ce sympathique interprète de nos vœux, de nos aspirations, auprès de ceux qu’il veut renseigner ? Est-ce que ce ne serait pas une occasion favorable pour la Société Historique et l’Institut Canadien de le lui marquer.


Bien que la phrase soit obscure et peu correcte, il est évident que M. Lemoine veut que l’on fasse une ovation à M. Parkman. Son appel, espérons-le, restera sans écho.

Personne, je crois, ne conteste à M. Parkman son titre d’écrivain et de travailleur. Mais il est pénible de voir un homme qui porte un nom français et qui est officiellement catholique, s’aplatir — c’est le mot — devant l’auteur de The Old regime in Canada.

M. Parkman s’est, permis d’insulter notre race et notre religion ; il s’est appliqué à nous amoindrir aux yeux du monde, à ternir l’éclat de nos véritables gloires nationales ; il a faussé notre histoire ; il a calomnié nos prêtres, surtout les missionnaires jésuites, ces martyrs de la foi qui ont arrosé le sol canadien de leurs sueurs et de leur sang.

M. Parkman nous rend justice quelquefois ; mais trop souvent il torture les faits, les présentant sous un jour entièrement faux. Lorsqu’il parle des différends survenus entre les jésuites et les sulpiciens, il tombe volontiers dans l’exagération, dans l’unique but, apparemment, de jeter du discrédit sur la religion et ses ministres. Il donne constamment raison à l’État contre l’Église. À ses yeux, plus un fonctionnaire civil cherche à contrecarrer les désirs des autorités ecclésiastiques, plus il est digne d’éloges. Pour lui le gouverneur gallican qui empiète sur les droits de l’Église est un modèle, tandis que l’évêque qui lui résiste est un tyran. Il représente les premiers colons, nos ancêtres, sous les couleurs les plus défavorables. Ceux que nous avons appris à admirer à cause de leurs vertus, deviennent, sous sa plume, des gens ignorants, superstitieux, cruels, « indignes de la liberté, » et grandement inférieurs à leurs voisins, les Puritains de la Nouvelle-Angleterre. Il tourne en ridicule les miracles