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MÉLANGES

parle au cœur et épuise les ressources si diverses de la charité. La critique, c’est la justice inflexible, sa route est toute tracée ; l’œuvre du missionnaire, c’est la miséricorde qui se fait tout à tous.[1]

M. Casgrain, critique, doit juger les œuvres, laissant à M. Casgrain, prêtre, le soin de travailler à la conversion de l’écrivain.

Il est permis au prêtre de plaider, de ménager les susceptibilités, d’employer même la diplomatie pour atteindre son but. Tout cela est interdit au critique.

Et lorsque M. Casgrain, prêtre, aura produit le changement salutaire qu’il semble espérer, et que M. Parkman aura réparé publiquement ses torts envers la religion, alors ce sera le devoir du critique d’enregistrer ce retour à des idées plus saines. Alors aussi, mais alors seulement on pourra songer à « ajouter aux éloges quelque marque d’honneur. »[2]



« M. PARKMAN ET SES CRITIQUES »


29 novembre 1878.


Sous ce titre, le Witness, de Montréal — feuille qu’on ne peut lire dans ce diocèse sans une permission

  1. Il n’est guère probable, toutefois, qu’un missionnaire prudent conférerait quelque marque d’honneur à un chef sauvage qui aurait, tout récemment encore, scalpé un autre missionnaire ou outragé une religieuse ; quand bien même ce chef aurait, en d’autres circonstance, montré certaines bonnes dispositions. Il se dirait, avec raison, qu’une telle conduite serait de nature à mal édifier ses néophytes et à retarder leur conversion. M. Parkman venait d’écrire les abominations qu’on a lues plus haut, et M. Casgrain aurait voulu, dans l’espoir de l’attirer, qu’il fût publiquement honoré, au risque de scandaliser tous les catholiques du pays. Il est facile de comprendre que ce n’est pas la vraie charité chrétienne qui inspirait notre contradicteur.
  2. Un écrivain catholique, sous le nom de plume de Spectator, fit, dans le Courrier du Canada, une magnifique réfutation de l’article de M. l’abbé Casgrain. Ce travail, qui est à lire, a été reproduit dans le Canadien du 29 novembre 1878.