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OU RECUEIL D’ÉTUDES

POURQUOI ?


25 août 1881


Depuis que le monde existe la prétendue science Humaine n’a su que multiplier les pourquoi. En dehors de la foi révélée, tout est incertitude, doute, conjecture. Le petit enfant qui possède bien son cathéchisme connaît tout ce qu’il est donné à l’homme de connaître ici bas d’une manière absolument certaine.

Dieu a laissé le monde aux disputes des hommes. Qu’est-ce à dire ? si non que les hommes, du moment qu’ils abordent d’autres questions que celles dont la Foi nous fournit la clé, sont-condamnés à discuter toujours sans pouvoir rien résoudre. Dans son infinie miséricorde, Dieu a daigné nous révéler certaines vérités nécessaires à notre salut. Ces vérités nous les comprendrons mieux au ciel, jamais nous n’en serons plus certains. Mais en dehors de ces grandes vérités, nous sommes condamnés à l’hypothèse, du moment que nous voulons sonder les abîmes de la nature ; ou bien nous nous arrêtons en face d’un terrible pourquoi qui ne souffre pas même l’hypothèse.

Devant le gland qui, en pourrissant dans la terre, donne naissance au chêne ; devant le lys et la rose qui, nourris par le même sol, vivifiés par la même atmosphère, par la même lumière, se peignent de couleurs si opposées et répandent des odeurs si différentes ; devant une pierre qui tombe pour obéir à une loi certaine mais inexplicable ; devant les merveilles de son propre corps ; devant mille autres spectacles de la nature, l’homme le plus hardi, le savant le plus osé ne peuvent que balbutier : Pourquoi ?

Cette impuissance où nous sommes de résoudre complètement un seul des nombreux problèmes naturels est sans doute voulue de Dieu. Elle nous humilie, elle nous montre notre néant, et en même temps elle nous fait soupirer après le seul Savant qui puisse répondre à nos questions, après l’Éternité qui seule