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MÉLANGES

rier du Canada d’une lettre dont je ne me suis pas occupé. Pourtant cela valait bien la peine qu’on s’en occupât, que je m’en occupasse, que vous, lecteur, vous vous en occupassiez, et que tous ensemble nous nous en occupassions.

Il s’agit donc, dans cette lettre de M. LeMoine, du château de Bigot devenu la propriété de M. Brousseau. Voici comment M. LeMoine termine son épitre :


Quand vous et vos amis, par une rêveuse soirée de septembre, vous vous verserez un verre de Bordeaux dans les salles retentissantes du Castel, dites un pater et un ave pour le repos de l’âme de cette pauvre Caroline.


Quand on est rendu à l’âge de cinquante ou soixante ans, quand on est président d’une société historique, quand on pose en auteur grave et sérieux, on devrait savoir qu’il ne convient nullement de demander des prières pour une personne toute fictive. On ne joue pas ainsi avec les choses saintes.

Du reste, en pays chrétien ce n’est pas en se versant à boire que l’on fait des prières pour les morts.

La vieille Minerve a fait un pas — je ne dis pas si c’est en avant ou en arrière, — mais enfin elle a fait un pas quelconque. Elle a quitté le paganisme pour embrasser le ritualisme. Vous croyez que c’est une fable que je vous raconte là. Lisez bien le morceau suivant que je trouve dans le numéro de la Minerve de samedi, le 1er avril 1882. C’est intitulé : Stabat Mater. Je cite intégralement, car cette pièce est à conserver :


Hier soir, le temple ritualiste de la rue Ontario, coin de la rue Saint-Urbain, regorgeait de monde, venu pour entendre le Stabat Mater de Rossini.

Cet admirable morceau du grand maître a été parfaitement rendu par le chœur de la société Sainte Cécile, assisté par un orchestre dont Martel faisait partie.

On a chanté le texte latin même.

L’office commença régulièrement, le clergé récitant et chantant d’abord la Passion jusqu’au moment du Stabat, et celui-ci étant ensuite intercalé.

L’idéal et céleste musique de Rossini n’a jamais été mieux interprétée à Montréal. Le grand hymne à la Vierge avait un charme particulier ainsi entendu dans une église protestante.