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OU RECUEIL D’ÉTUDES

il nous faut travailler, sur le terrain politique, à faire pénétrer, jusqu’aux moelles de la société, les féconds enseignements de l’Église. Car c’est dans ces enseignements et là seulement que les peuples trouvent le salut.

Et pour faire ce travail salutaire, il faut le groupement des catholiques véritables qui mettent les intérêts surnaturels au-dessus des intérêts passagers du temps. Ce sera, si vous voulez, une sorte de parti catholique. Mais ce parti catholique ne devrait emprunter aux partis politiques que les formes extérieures : l’organisation, les moyens d’action et de propagande. Pour la vie intérieure, il ne pourrait guère leur ressembler. En effet, les partis politiques travaillent pour les hommes et les choses de la terre : le vrai parti catholique aurait pour unique mobile la charité, et pour objet l’extension et l’affermissement du règne de Dieu ici-bas. Comme ces chrétiens qui vivent dans le monde sans être du monde, le parti catholique devrait se servir de la politique sans se laisser contaminer par elle.

Nous ne pouvons mieux terminer ce post-scriptum qu’en transcrivant quelques lignes de don Sarda. Le chapitre XL de son magnifique travail : Le libéralisme est un péché, est consacré à discuter cette question : « Est-il plus convenable de défendre in abstracto les doctrines catholiques contre le libéralisme que de les défendre au moyen d’un groupe ou parti qui les personnifie ? » Le savant auteur dit :


À notre avis le meilleur moyen, le seul moyen, le seul pratique, viable et efficace, c’est d’attaquer le libéralisme et de lui opposer les idées anti-libérales, non in abstracto mais in concreto ; en d’autres termes, non de vive voix ou par écrit seulement, mais par le moyen d’un parti d’action parfaitement anti-libéral… Ce que l’on nomme un parti catholique, quelque soit d’ailleurs l’autre nom qu’on lui donne, s’impose aujourd’hui comme une nécessité. Ce qu’il représente est comme un faisceau de forces catholiques, un noyau de bons catholiques, un ensemble de travaux catholiques militant, en faveur de l’Église sur le terrain humain où l’Église hiérarchique ne peut en bien des occasions descendre. Qu’on travaille à se donner une politique catholique, une légalité catholique, un gouver-