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MÉLANGES

Esquimau baptisé et quelque peu ferré sur son petit catéchisme repousserait avec indignation.


21 janvier 1882


M. Chs. B. Rouleau, on l’a vu, a une bien mauvaise opinion des Canadiens et de leur système d’écoles primaires. Nous ne prétendons pas dire que ce système soit parfait, et qu’il ne faille faire aucun effort pour l’améliorer ; mais assurément le remède que propose le savant magistrat est cent fois pire que le mal qu’il veut guérir. Si par malheur nous adoptions le système prôné par le correspondant de la Minerve, les Esquimaux, au jour du jugement dernier, se lèveraient en masse pour porter témoignage contre nous. Car le plus infime de ce peuple tant méprisé, pourvu qu’il ait été évangélisé, n’ignore pas que cette parole de Notre-Seigneur : « Allez, enseignez toutes les nations » n’a été adressée qu’aux apôtres et à leurs successeurs, c’est-à-dire à l’Église. Jamais l’État n’a reçu pareille mission, et vouloir la lui donner, c’est travailler à renverser l’ordre établi de Dieu.

En matière d’enseignement, c’est l’Église qui occupe le premier rang ; la famille, le second. Le rôle de l’État se borne à aider l’Église et la famille dans l’accomplissement de leur tâche, rien de plus.

Est-ce que l’État ne sort pas de son rôle, évidemment, lorsqu’il se constitue, comme le veut M. Rouleau, le seul et unique maître d’école ? lorsqu’il crée en sa faveur un monopole qui répugne également à la raison éclairée et à la foi chrétienne ?

M. Rouleau déclare qu’il faut tout remettre entre les mains du surintendant et de ses députés, les inspecteurs d’école, qu’il convient d’enlever aux municipalités, c’est-à-dire à la famille, tout pouvoir sur l’enseignement.

Ce projet de centralisation à quelque chose de tellement monstrueux qu’on a de la peine à croire qu’un