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DE MONTRÉAL À NEW-YORK


New-York, jeudi le 6 septembre.

Parti de Montréal, ce matin à 7 heures et demie, je suis arrivé à New-York à 9 heures et demie du soir. Temps splendide, beau soleil, belle brise fraîche du nord-ouest.

Nous passons par le pont Victoria, puis nous traversons la belle et fertile vallée de la rivière Chamblv, Lacadie, Saint-Jean, Lacolle, etc. Vient, ensuite, Rouse’s Point situé au pied du lac Champlain, et à l’entrée de l’état de New-York. Un douanier américain vient visiter nos malles. Pour moi, c’est une pure formalité. Il faut croire que je n’ai pas la figure d’un contrebandier. C’est toujours cela. J’ai tant d’autres défauts, et l’on m’en prête tant d’autres encore que ma conscience ne me reproche guère !

De Rouse’s Point à Whitehall, nous longeons presque constamment la rive ouest du lac Champlain, belle nappe d’eau qui étincelle au soleil. À l’est du lac, du côté opposé, se dessinent, dans le lointain, les premiers contreforts des Montagnes Vertes qui portent mal leur nom en ce moment, puisqu’elles sont d’un beau bleu foncé. À notre droite, nous avons de belles campagnes, légèrement ondulées, bien cultivées et parsemées de bouquets d’arbres.

Peu à peu, l’aspect général du pays se modifie, ainsi que la physionomie des personnes qui montent dans le train ou que nous voyons sur les quais des gares. Il est facile de voir que nous avons quitté notre cher Canada et que nous sommes en pleine république américaine. Nous n’entendons guère plus de français, et le type yankee[1] s’accentue de plus en plus.

Vers une heure nous nous arrêtons an Fort Ticonderoga, autrefois le théâtre d’événements importants, aujourd’hui petit village tranquille et insignifiant. Comme il n’y a pas de buf-

  1. On appelle quelquefois yankee tout citoyen des États-Unis. Cest une erreur. À proprement parler, yankee ne doit se dire qu’en parlant d’un habitant de l’un des six états de la Nouvelle-Angleterre ou de cette partie de New-York qui touche au Vermont. Donner ce nom à un sudiste, ce serait l’insulter.