Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/110

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Au troisième scrutin, dont le dépouillement a été terminé à une heure vingt minutes p. m., le 20 février, Son Éme le cardinal Joachim Pecci a reçu quarante-cinq votes ; il n’en fallait que quarante-un pour l’élection. Aussitôt le nouvel élu a été acclamé par tous les cardinaux comme Pie IX l’avait été.

Quelques minutes après l’élection, le cardinal Caterini, le doyen de l’ordre des diacres à qui incombait de droit cette fonction, s’est rendu à la grande Loggia de Saint-Pierre et a proclamé au peuple la joyeuse nouvelle. Il n’y avait que peu de personnes aux alentours car on ne s’attendait pas à une élection aussi prompte. Mais le bruit s’étant répandu avec rapidité que le conclave avait terminé son œuvre, une foule immense envahit bientôt la place de Saint-Pierre. À quatre heures et demie de l’après-midi, le nouvel élu, qui venait de prendre le nom de Léon XIII, a donné sa première bénédiction au peuple. L’enthousiasme de la foule était grand[1].

Les journaux impies et ignorants, dont la nourriture quotidienne leur est fournie par des agents télégraphiques non moins impies et non moins ignorants, ont feint de saluer l’avènement de Léon XIII comme une victoire du libéralisme dit catholique sur l’ultramontanisme, c’est le nom qu’on donne aujourd’hui au catholicisme. On a voulu faire croire au monde catholique que Satan venait de remporter un grand avantage sur le Saint-Esprit au sein du conclave ; que, le nouveau pape, était un modéré, un conciliant dont le premier acte serait de tendre la main à l’usurpateur du domaine de l’Église ; que les ultramontains, c’est-à-dire les catholiques, étaient « furieux, » et qu’il n’y avait de réellement satisfaits du résultat du conclave que Bismark et ses semblables. Ce langage, aussi ridicule que blasphématoire, n’a produit aucun effet sur les catholiques qui savent, eux, que le Pape est le Vicaire infaillible de Jésus-Christ et qu’il ne peut pas conduire l’Église dans une fausse route.

Mais la joie de la presse impie, de Bismark et de la juiverie télégraphique a été de courte durée. Déjà leurs chants de triomphe se sont changés en cris de rage et de désespoir. Encore un Pape infaillibiliste, disent-ils, encore

  1. J’ai emprunté la plupart de ces renseignements aux dépêches télégraphiques de l’excellente feuille le New-York Freeman’s Journal dont les nouvelles sont toujours très-exactes.