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créa une consulte d’État. On a beaucoup calomnié Pie IX au sujet de ces trois institutions. La garde civique et la municipalité de Rome ne furent nullement des innovations de Pie IX ; c’était une simple restauration, celle de l’ancien régime municipal des États de l’Église, détruit par la première révolution française. Durant tout le moyen âge, le gouvernement papal avait été le seul qui admit la représentation régulière et permanente des intérêts des provinces dans les conseils du souverain. En établissant une consulte d’État, Pie IX ne faisait que revenir au self-government que le despotisme du premier empire avait fait disparaître.

La Consulte ou Conseil d’État se composait d’un cardinal président, d’un prélat vice-président et de vingt-quatre cousulteurs choisis par le souverain sur des listes de candidats envoyés par les conseils provinciaux, qui, eux, choisissaient parmi d’autres listes fournies par les conseils municipaux, lesquels étaient le produit du suffrage universel épuré par l’exclusion des repris de justice, des ivrognes et de toutes les personnes vivant en dehors des lois sociales. La Consulte, comme l’indique son nom, n’avait qu’une voix consultative, le Pape se réservant le droit d’entendre en outre, non seulement le conseil des ministres, mais le collège des cardinaux, avant de prendre une décision souveraine. Il y a loin, on le voit, de ce gouvernement sage et réellement monarchique au parlementarisme moderne.

Telles sont les réformes inaugurées par Pie IX durant la première année et la seconde année de son règne. Si elles n’ont pas réussi, la faute n’en est pas à leur auteur mais au peuple romain, affolé par les doctrines révolutionnaires.



CHAPITRE VI.

Pie IX et la révolution.


“La révolution, a dit de Maistre, est satanique.” La vérité de cette parole profonde n’a jamais été plus évidente que durant la seconde année du règne de Pie IX. Les révolutionnaires, ayant à leur tête l’assassin Mazzini, avaient formé le projet infernal de séduire le Souverain Pontife lui-même en l’enivrant d’encens populaire. Satan, après avoir transporté le Christ sur le sommet d’une haute montagne, lui dit : “Contemplez tous les royaumes du monde et la gloire qui les accom-