Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui repose sur des millions de tombeaux, a osé qualifier de « massacre et de sac de Pérouse. »

Le roi de Prusse, complice alors de Napoléon, plus tard son ennemi, ordonna à l’empereur de signer la paix. Et la paix fut en conséquence signée à Villafranca d’une manière aussi imprévue que la guerre avait été déclarée. Ce traité établissait une confédération italienne sous la présidence honoraire du Pape, donnait la Lombardie au Piémont, laissait à l’Autriche la Vénétie et réservait au grand duc de Toscane et aux autres princes dépossédés, tous leurs droits. La révolution paraissait vaincue et Pie IX ordonna des actions de grâces.

Loin d’être morte, la révolution maçonnique avait trouvé en Victor-Emmanuel un instrument docile, et en Napoléon, un complice coupable. Au lieu de rétablir les princes détrônés, le roi de Piémont mit à leur place des gouvernements provisoires. Dans les Romagnes, appartenant au Saint-Siège, on eut recours à un prétendu plébiscite pour donner un prétexte à l’annexion de ces provinces au royaume de Piémont ; mais sur deux cent mille électeurs, dix-huit mille seulement furent inscrits sur les listes, et encore, de ce nombre, plus des deux tiers ne prirent pas part au vote. C’était une parodie ignoble. L’assemblée constituante sortie de cette pseudo-élection, se réunit à Bologne le 6 septembre 1859, vota l’abolition du gouvernement pontifical et proclama l’annexion des Romagnes au Piémont. Et le lâche Napoléon III, qui venait de signer le traité de Zurich, lequel consacrait toutes les stipulations du traité de paix de Villafranca, laissa tranquillement s’accomplir cette iniquité.

Le monde catholique protesta énergiquement contre cette violation flagrante des droits du Saint-Siège et des droits des gens. Il fut décidé de convoquer un congrès européen pour régler la question italienne. Pie IX, quoique peu rassuré sur l’issue de cette conférence, accepta le projet. Alors parut une nouvelle brochure anonyme : Le Pape et le Congrès, inspirée par Napoléon. Les conclusions de cet écrit étaient que le Pape devait renoncer aux Romagnes et plus tard au reste de ses États ! Tout cela, bien entendu, dans l’intérêt de la religion. Le Journal Officiel de Rome, organe reconnu du Pape, qualifia cette brochure, comme elle méritait de l’être, de « véritable hommage rendu à la Révolution, » de « thèse insidieuse » et de « sujet de douleur pour tous les bons catholiques. » Le 31 décembre, Napoléon adressa une lettre au Saint-Père, dans laquelle, tout en protestant hypocritement de son dévouement à la cause de la Papauté, il conseillait à Pie IX de renoncer aux