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S’appuyant sur ce vote dérisoire, Victor-Emmanuel lança le décret suivant :

“Art. I. Rome et les provinces romaines font partie intégrante du royaume d’Italie.

“Art. II. Le Souverain-Pontife conserve la dignité, l’inviolabilité et toutes les prérogatives du souverain.

“Art. III. Une loi spéciale sanctionnera les conditions propres à garantir, même par des franchises territoriales, l’indépendance du Souverain-Pontife et le libre exercice de l’autorité spirituelle du Saint-Siège.”

On le voit, le roi-voleur tenait à se montrer hypocrite jusqu’à la fin.

Voyant qu’il n’avait rien à espérer des puissances humaines, Pie IX, par un bref en date du 20 octobre, suspendit le Concile. Le 1er  novembre il adressa à tous les prélats en communion avec le Saint-Siège une encyclique dans laquelle il retraçait et flétrissait tous les attentats du gouvernement, subalpin depuis onze ans. On dut faire imprimer cette encyclique à Genève pour la soustraire à la police piémontaise, et tous les journaux italiens qui la reproduisirent furent saisis. “C’était une heureuse manière, fait remarquer un écrivain, d’inaugurer les nouvelles prérogatives du Souverain-Pontife et le libre exercice de son autorité spirituelle.”



CHAPITRE XXXII.

Pie IX prisonnier.


Le gouvernement usurpateur se mit à annexer les propriétés ecclésiastiques ; on expropria les couvents, les églises et jusqu’aux hôpitaux ; on détruisit les monuments des siècles passés sous prétexte d’embellir la ville. Le roi voleur s’installa au Quirinal, propriété des Papes ; la salle du conclave fut convertie en une salle de bal, à la demande de la princesse Marguerite, aujourd’hui soi-disant reine d’Italie.

Pie IX fut confiné au Vatican où il s’enferma avec ses fidèles serviteurs. Craignant que le Pape ne voulût quitter Rome, le gouvernement piémontais fit surveiller avec soin toutes les routes, particulièrement celle de Civita-Vecchia. Mais quand bien même il aurait pu partir, Pie IX avait résolu, dès l’occupation de Rome, de rester à son poste. Il espérait que sa présence imposerait un peu de respect aux spoliateurs.