Page:Tardivel - Vie du pape Pie-IX - ses œuvres et ses douleurs, 1878.djvu/81

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ordinaires (qui deviennent habituelles et quotidiennes), un jour de chaque semaine est assigné pour une classe déterminée d’affaires qui réclament l’attention continuelle du Souverain-Pontife. Dans le courant du mois et même de la semaine, tous les services généraux de l’Église et tous les services particuliers de l’État sont inspectés et dirigés. »

Un autre écrivain[1] nous fait le portrait suivant de Pie IX : « On a fait à Rome et à Paris beaucoup de portraits ou de photographies de Pie IX ; la plupart sont restées au-dessous de la vérité. Il y a dans le front large et élevé de Pie IX, dans la vivacité et l’extrême bienveillance de son regard, dans son abord plein d’une sérénité douce et ferme que le malheur a pu assombrir, mais non pas faire disparaître, dans l’expression fine et intelligente de sa bouche, dans son sourire qui captive, dans toute sa personne enfin, il y a, je ne sais quel charme mystérieux qui fait le désespoir des artistes, et que le mécanisme photographique ne saurait rendre.

« La taille de Pie IX est un peu au-dessus de la moyenne ; elle s’est épaissie et légèrement courbée depuis quelques années. Il a la tête vaste et carrée, le front large, les cheveux tout blancs, mais encore touffus[2], le teint d’une grande transparence et coloré au pomettes, les lèvres vermeilles et un peu grosses, les yeux noirs, vifs, profonds, d’une douceur extrême et illuminant toute la figure…

« Sa voix est douce et sonore ; elle a, dans la conversation, une harmonie qui enchante ; mais quand elle s’anime elle prend une force que peu d’autres sauraient atteindre. Elle est assurément une des plus belles de Rome, et c’était une des merveilles des grandes cérémonies de la semaine Sainte, lorsque, au temps, de sa liberté, on l’entendait résonner sous les voûtes de Saint-Pierre, ou lorsque le jour de Pâques, dans les solennels accents de la bénédiction urbi et orbi, elle traversait la place Saint-Pierre et pénétrait jusqu’au delà du grand obélisque. »

« La foi, raconte M. Veuillot, est le trait dominant de cette physionomie où se réunissent toutes les beautés morales. Un prélat de la cour romaine qui a le bonheur d’approcher le Saint-Père depuis longtemps disait : « Il est doué d’une foi absolue. On ne peut rien imaginer au-delà de cette plénitude ; il n’y a point d’ombre, point de limite, point d’ébranlement possible. C’est le roc, c’est absolu ! »… La bonté, c’est le fond de cette âme

  1. Villefranche.
  2. Ceci a été écrit en 1876.