Page:Tardivel et Magnan - Polémique à propos d’enseignement entre M. J.-P. Tardivel et M. C.-J. Magnan, 1894.djvu/57

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Voilà pourquoi, malgré l’opinion de M. Tardivel, opinion que je respecte parce qu’elle est émise par un écrivain distingué et un chrétien convaincu, je persiste à croire qu’il ne serait pas opportun, dans notre province, d’empêcher l’État de s’occuper de l’instruction primaire, à la condition formelle que l’autorité civile respecte les droits des évêques en matière scolaire.


III


Mais, dit M. Tardivel, en terminant son article :

« De son côté, M. Magnan devra admettre qu’un demi-siècle du système actuellement en vigueur n’a pas fait disparaître l’indifférentisme qu’il déplore, le manque d’esprit public sur lequel il gémit. Pourquoi alors ne pas essayer le plan que nous avons proposé et qui est admirable en théorie ? »

Que l’on veuille bien remarquer qu’en déplorant le peu de résultats que donne nos écoles primaires, je n’ai nullement accusé la loi d’éducation d’en être la cause, mais bien l’esprit public. En appliquant sérieusement le système scolaire que nous possédons, nous pouvons arriver à des résultats magnifiques. Tant que nous bâtirons des écoles basses, étroites et d’aspect repoussant, que l’on n’aura pas le cœur de payer raisonnablement ceux qui entrent dans l’enseignement par vocation, que les enfants seront entassés dans des salles de classes de bien trop petites dimensions, que le personnel enseignant se renouvellera tous les trois ou quatre ans, ce qui ne cessera que le jour où une carrière enseignante sera définitivement créée, aussi longtemps qu’un tel état de choses durera, aucun système d’éducation ne fera