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DE ROBERT ESTIENNE.

» Tout marche vers le jour d’un plus juste partage,
» Car le père commun de son vaste héritage
» N’excepte aucun des siens.

» Déjà le temps n’est plus où la docte fontaine
» De ses bords resserrés n’épanchait qu’avec peine
» Un avare trésor :
» D’y puiser à son gré chacun de nous est maître ;
» Elle coule aujourd’hui pour la tasse de hêtre
» Et pour la coupe d’or.

» Ainsi, vous accordez à la typographie
» L’honneur qu’elle mérite et qu’elle justifie !
» Ce prix est dû par vous
» À qui porte une fois la lumière dans l’ombre,
» À qui fait une fois, du bien d’un petit nombre,
» Un bien commun à tous.

» Mais toi, génie, atteint dans ton empire intime,
» Du monde intelligent dominateur sublime,
» Où sera ton pouvoir,
» Quand l’œil le plus grossier peut mesurer ta course,
» Quand le dernier mortel s’abreuve à pleine source
» Dans les flots du savoir ?…

» Ta mission pourtant n’en sera pas moins belle !
» Tous, faibles ou puissans, le destin nous appelle
» Vers un plus noble but ;
» Et d’une œuvre immortelle, ouvrier périssable,
» Chacun de nous, du moins, y doit d’un peu de sable
» Apporter le tribut.