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UNE CHRONIQUE D’AMOUR.


Dans le vaste manoir tout se tait ou sommeille,
Tout, hormis la fontaine au murmure argentin,
Ou le vent, messager des roses qu’il éveille,
Mêlant au bruit de l’eau quelque soupir lointain.
Il est plus de minuit. D’une huile parfumée
Les lampes, tour à tour, ont tari les flots d’or ;
Toutes, en exhalant une tiède fumée,
S’éteignent. Toutes ? non, il en reste une encor !
Une lampe d’argent, près d’une jeune femme,
Qui, de sa clarté pâle empruntant le secours,
Trace sur le vélin où s’épanche son âme,
Ces derniers mots, hélas ! si cruels et si courts !
La peine confiée est, dit-on, moins amère !
S’il est vrai, c’est qu’alors la peine est éphémère ;
Ce sont des maux légers, non de pesans malheurs,
Qui passent entraînés par le torrent des pleurs :
Mais il en est parfois d’incurables, d’intimes,
Qu’on ne saurait sonder sans en être victimes :