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ÉDITH.

La matrone indienne est tristement penchée,
Sur elle, sans sortir d’un silence prudent,
L’ancien du désert attache un œil ardent ;
Et courbé sur cet arc, cher à sa main guerrière ,
Il incline, attentif, sa tête grise et fière.

La vie, hélas ! avec ses souvenirs de mort,
La vie au cœur d’Édith revint avec effort.
Oh ! comme elle accepta, muette et résignée,
La tâche de douleur à son âme enseignée !
Comme elle sut porter le chagrin pénitent
Qui, l’œil voilé de pleurs, espère, adore, attend !
Cependant le vieux couple éprouvant sa puissance,
Au souffle du printemps comparait sa présence.
Ils l’aimaient, comme on aime un de ces simples airs
Si doux à la mémoire, à l’oreille si chers,
Dont les notes toujours nous semblent enchaînées
Aux pensers fugitifs de nos jeunes années.
Une fille, l’espoir de leurs vieux jours flétris,
A visité trop tôt la terre des esprits ;
Mais d’Édith aujourd’hui la radieuse face
Dans sa sainte douceur rayonnait à sa place,
Et, charmés à sa vue, ils se croyaient parens.
Quel bonheur plus profond, quels délices plus grands,
Bien que la crainte, hélas ! notre éternel partage,
Y vienne encor mêler son terrestre alliage,
À ce pouvoir d’aimer qui fermente toujours,
De donner, sans contrainte, un légitime cours ;
De combler de ces dons, opulence de l’âme,
Un être tout à soi ! mais cette intime flamme