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LA MER.


Laissez, ne troublez pas l’heure qui m’est donnée ;
Que je puisse au bonheur reprendre un peu de foi !
Innombrables liens dont ma vie est gênée,
Pensers de chaque instant, soins de chaque journée,
Laissez, ô laissez-moi !

Je veux oublier tout, oui, tout pour cette rive
Où la mer vient briser sa majesté plaintive.
Je veux suivre de l’œil ses souples mouvemens ;
Tendre une oreille avide à ses mugissemens ;
Et mêler sur le bord de l’humide étendue,
À son souffle puissant une haleine perdue.
Mais quoi ! de l’Océan ce n’est là qu’un lambeau,
Qu’un des pans azurés de son large manteau !
Il faut le voir, aux lieux où la France féconde
Sent contre son flanc nu battre toute son onde :
Pourquoi pas ?… Demandez à l’invisible main,
Qui de mes vœux sans cesse a barré le chemin ;
Demandez à ce joug qui fait ployer ma tête,
Quand à se redresser il la sent toujours prête,