Page:Tastu - Poésies nouvelles, 3ème édition, 1838.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
LES DIEUX S’EN VONT.


Autant de fois que nos races perverses
Ont cru hausser leurs travaux jusqu’au ciel,
Aux sons confus des syllabes diverses,
Autant de fois a croulé leur Babel ;
Mais du passé chaque leçon s’oublie :
Abîme étrange où l’esprit se confond !
Point de limite à l’humaine folie,
Rien ne s’exclut, tout s’accouple ou s’allie !…
Les dieux s’en vont !

Non ! le néant n’atteint que leur symbole !
J’en crois celui dont le fécond repos
A vu jaillir, au bruit de sa parole,
Le jour de l’ombre, et l’ordre du chaos ;
Mais la lumière, en perçant le nuage,
Verra tomber dans une mer sans fond
La foi, les mœurs, les rêves de notre âge :
Qui sauverait la lyre du naufrage ?
Ses dieux s’en vont !