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DANTE.


Quand on peut échapper aux ennuis de la vie,
Au souci du présent, au soin de l’avenir ;
De poétiques cieux quand notre âme ravie
N’est point trop brusquement contrainte à revenir ;
Du haut de nos faubourgs quand l’émeute accourue
De ses cris menaçans ne trouble point la rue ;
Quand seule, on peut, le soir, goûter près du foyer
Ce pouvoir que le ciel nous donna d’oublier,
Il est doux de laisser vers les choses passées
S’envoler librement nos errantes pensées,
D’épier, dans ces chants des âges entendus,
Les grands secrets de l’art pour notre âge perdus,
Et d’explorer long temps quelque plage choisie,
Que baigne à larges flots l’antique poésie !
Heureux, surtout, heureux qui peut fouler ces bords
Où de l’Alighieri résonnent les accords !
Là fleurissent ces fils de la reine du monde,
Que doue avec amour la nature féconde,